Les formes de la nature inspirent l’architecture. Les livres de botanique et de paysages invitent à un déplacement immobile. Cultiver ses plantes d’intérieur offre l’occasion de voyager chez soi. La plante nous rattache à un lieu, l’observer, la toucher, regarder comment ses formes se développent, nous amènent à prendre conscience d’autres structures de la nature.

Le végétal est également trace des changements de notre planète. Il véhicule la mémoire des territoires.

Comment donner une nouvelle temporalité aux plantes ?

Les serres proposent un dépaysement. Espaces de culture, ces architectures de verre nous conduisent à s’imaginer être ailleurs, hors du temps.

Cette exposition tisse des relations entre nature et architecture, intérieur et extérieur, naturel et artificiel.
Julio Artist-run Space se transforme en une serre où chaque œuvre déploie un territoire. Images, installations et sculptures associent rapports au toucher, à l’histoire et une invitation à un voyage.

Chez Atsunobu Kohira, la plante symbolise une forme d’énergie. Il révèle la matière enfouie, témoignage de la transformation du paysage. Ses œuvres renvoient à plusieurs temporalités, celle du passé du lieu et son devenir. Ses Graphite Sculpture rappellent l’ikebana, l’art végétal japonais: un végétal séché est inscrit dans une étonnante structure géométrique, qui fait référence à la composition moléculaire de carbone. Cette sculpture dévoile l’invisible, l’intérieur de la plante. Son installation in situ Carbon Variation diffuse des lignes qui laissent l’empreinte d’une puissance spirituelle et incarnent les traces d’une ancienne végétation datant des millénaires.

Chez Jacques Vieille, artiste, botaniste, se retrouve également cette mise en forme des plantes. Ses sculptures et installations interrogent la relation entre le naturel et l’artificiel. La nature est motif dans ses créations qui s’insèrent dans l’architecture. Sa photographie Colonnes, convoque un lien entre un élément de l’architecture et l’arbre, coupé, au sol.
Avec Cactus wood, le squelette d’un bois de cactus dialogue avec un motif de papier cadeau japonais et une feuille de mousse pvc alvéolé qui présentent le dessin de la même structure.

Rosana Schoijett découpe, compose, reconstruit des images des lieux imaginaires à partir de livres anciens. Chez elle, le papier est aussi matière temporelle. Ses retables proposent de voir ces nouveaux paysages qui se déploient dans un double sens de lecture. Devant, derrière, l’œuvre dévoile des sutures, le geste de l’artiste. Ses œuvres incarnent le cycle du livre, cet objet qui circule et diffuse l’esprit d’un voyage.

L’image d’une nature, le document renvoient aux manières dont les connaissances des lieux se transmettent. La feuille du livre rejoint celle de la plante. Le geste de l’artiste, le processus de découpe ou de mise en forme font écho au temps de la croissance du végétal.

Pauline Lisowski